Un centre de vaccination vandalisé à Toulouse

Un centre de vaccination vandalisé à Toulouse

Vandalisme d’opportunité ou acte revendicatif ? Le parquet a chargé les gendarmes de la Section de recherche de Toulouse et ceux de la brigade de Villefranche-de-Lauragais de faire la lumière sur les dégradations commises dans la nuit de lundi à mardi dans le centre de vaccination de Saint-Orens, dans la banlieue de la Ville rose.

Deux portes de la salle communale qui accueille le centre ont été forcées dans la nuit par un ou plusieurs intrus. Selon Dominique Faure, la maire de la commune, des tables des chaises et deux ordinateurs ont été cassés. 3.500 doses de vaccin ont également été détruites « soit l’équivalent d’une semaine de vaccination », précise le préfet de la Haute-Garonne qui juge ces actes « inacceptables ».

 

Une enquête ouverte

Une plainte a été déposée par la mairie de la commune et l’enquête est confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Toulouse et à la brigade des recherches de Villefranche-de-Lauragais, a indiqué à l’AFP le parquet de Toulouse. Le centre de vaccination devrait reprendre ses activités « avant la fin de la semaine », espère Mme Faure. Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc lui a apporté son soutien, se disant « écœuré » par ces violences.

Écœuré par ce nouvel acte de vandalisme envers un centre de vaccination. Les violences et les intimidations doivent cesser pour que chacun puisse choisir, librement, de se faire vacciner.

Ces actes de vandalisme interviennent dans un contexte de forte mobilisation contre la « dictature sanitaire » mise en place par le gouvernement, selon les opposants aux pass sanitaires et à la vaccination obligatoire des soignants. Plusieurs dizaines de milliers de personnes manifestent tous les samedis depuis cinq semaines.

Début août, les locaux de l’Ordre des infirmiers à Toulouse avaient été vandalisés, avec notamment des tags anti-pass sanitaire. En juillet, un incendie volontaire a détruit un chapiteau accueillant un centre de vaccination à Urrugne (Pyrénées-Atlantiques) et un autre avait été vandalisé à Lans-en-Vercors (Isère), avec des inscriptions anti-vaccins taguées sur le bâtiment.

 

« Ils étaient au moins deux »

Le coup avait visiblement été bien préparé. Selon nos informations, l’intrusion au sein du centre de vaccination situé Espace Marcaissonne se serait produite peu avant minuit.

« D’après la gendarmerie, il semblerait qu’ils étaient au moins deux. Ils sont entrés par une porte latérale côté nord », témoigne Jean-Pierre Godefroy, le premier adjoint au maire de Saint-Orens.

« En principe, le centre ferme à 19 heures et l’alarme ne se met en place qu’à partir de minuit. Entre 20 heures et minuit, cette période est réservée à l’entretien minutieux des lieux. L’alarme n’a donc pas fonctionné puisque cette intrusion a eu lieu avant minuit », ajoute-t-il.

 

Gardiens et caméras de surveillance…

L’élue se dit triste de subir ces événements.  » Nous avions écouté les recommandations du gouvernement concernant la sécurité. En plus des gardiens en journée, nous avions installé la télésurveillance. On pensait que cela suffirait à éloigner les voleurs »… Elle espère désormais que le centre de vaccination rouvrira d’ici la fin de semaine.  » J’ai discuté ce matin avec Christelle, la responsable, qui fait un travail formidable jusqu’à présent. Ses équipes vont faire le maximum pour accueillir du public avant le week-end. Chaque jour, près de 700 personnes se font vacciner dans notre ville, ce n’est pas rien », souligne Dominique Faure.

 

Contexte tendu

Le centre, qui vaccine en moyenne 700 personnes par jour, n’a pas pu fonctionner ce mardi. Les enquêteurs ont longuement procédé aux relevés sur place. Mais il rouvrira ses portes demain assure la préfecture.

Ce nouvel acte de vandalisme arrive dans un climat tendu à Toulouse. Début août, les locaux de l’ordre des infirmiers ont été dégradés et tagués de slogans antivax. La semaine dernière un nouveau message haineux est apparu sur un mur du vaccinodrome de la Ville rose.

 

Le ministre de l’Intérieur « condamne fermement » ces dégradations

Gérald Darmanin « condamne fermement » ces dégradations, a indiqué le ministère de l’Intérieur à l’AFP.

L’ARS ainsi que la préfecture se sont, à leur tour, exprimés dénonçant des « actes inacceptables » tout en rappelant « que la vaccination est notre principal instrument pour lutter contre l’épidémie de la Covid-19 ».

De son côté, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, s’est dit « écœuré par ce nouvel acte de vandalisme envers un centre de vaccination. Les violences et les intimidations doivent cesser pour que chacun puisse choisir, librement, de se faire vacciner ».

Le groupe « Radicaux de Gauche et Citoyens » de la Région Occitanie a également réagi dans un communiqué en déplorant « qu’une minorité appelant à la ‘liberté’ s’affranchisse des lois ».

Le parquet de Toulouse a confié les investigations aux gendarmes de la brigade de recherches de la compagnie de Villefranche-de-Lauragais et à la section de recherches de Toulouse. Une plainte a été déposée par la préfecture. À l’heure où nous écrivons ces lignes, le ou les auteurs sont toujours dans la nature. Pour rappel, début août, les locaux de l’ordre des infirmiers avaient eux aussi été pris pour cible.

3500 doses de flacons détruites ou hors d’usage

Les intrus avaient visiblement un objectif : mettre hors d’usage les doses de vaccin Pfizer qui étaient stockées dans le bâtiment.

En milieu d’après-midi, la préfecture a réévalué le nombre de doses perdues à la hausse. En effet, ce sont des flacons (comportant jusqu’à sept doses de vaccin) qui ont été détruits.  « Cela représente environ 3500 doses perdues, soit l’équivalent de près d’une semaine de vaccination », a indiqué la préfecture de la Haute-Garonne, mardi après-midi qui a dénoncé « des actes inacceptables ».

« Étienne Guyot, préfet de la région Occitanie, préfet de la Haute-Garonne, et Pierre Ricordeau, directeur général de l’ARS Occitanie condamnent ces actes avec la plus grande fermeté et rappellent que la vaccination est notre principal instrument pour lutter contre l’épidémie de la covid-19 », ajoute la préfecture.

Des destructions de doses de vaccin, c’est une triste première dans l’agglomération toulousaine. Un message menaçant avait été retrouvé au vaccinodrome de Toulouse le 8 aout dernier, et deux jours plus tôt, l’ordre des infirmiers avait été vandalisé d’inscriptions anti-pass mais jamais des doses n’avaient été détruites depuis le début de la campagne vaccinale.

Le centre va rouvrir dès mercredi

Au sein du centre de vaccination, on se refusait à faire tout commentaire. Mais c’est bien évidemment un sentiment d’incompréhension et de consternation qui prédominait, mardi matin. La plupart des personnes qui avaient rendez-vous ce mardi ont été prévenues par l’ARS et sont reportées vers le centre de vaccination à Labège.

Désormais, la mairie de Saint-Orens n’a qu’une seule idée en tête : rendre de nouveau accessible son centre de vaccination.

« On va tout faire pour rouvrir le centre le plus rapidement possible. On va même essayer qu’il soit opérationnel dès demain ! Tous les services de la commune sont mobilisés. Et nous allons mettre en place un gardiennage pour sécuriser davantage le site », reprend Jean-Pierre Godefroy.

En milieu d’après-midi, la préfecture confirmait que la réouverture du centre de vaccination dès mercredi « grâce à la mobilisation de l’ensemble des professionnels ».

 

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