Hausse du prix du gaz, plusieurs mois d’augmentation

Hausse du prix du gaz, plusieurs mois d’augmentation

Les tarifs de l’énergie ne cessent d’augmenter à l’approche de l’hiver, à l’image des prix du gaz lundi, forçant le gouvernement à chercher des parades pour alléger le fardeau sur le pouvoir d’achat à quelques mois de l’élection présidentielle.

Les tarifs réglementés du gaz appliqués par Engie à près de 3 millions de foyers vont une nouvelle fois bondir, de 12,6% TTC au 1er octobre, dans le sillage de la hausse des cours sur le marché, a annoncé lundi le régulateur.

« Cette évolution résulte de la hausse, historique, des prix du gaz sur le marché mondial qui se répercute sur les coûts d’approvisionnement du fournisseur de gaz Engie », explique la Commission de régulation de l’énergie (CRE).

Ces tarifs réglementés, remis à jour chaque mois, ont connu une série de fortes progressions récemment. Ils ont encore augmenté de 8,7% au 1er septembre, après plus de 5% en août et près de 10% en juillet.

Les cours du gaz sont à des niveaux très élevés en Europe en raison de divers facteurs : stockages bas, forte demande du gaz naturel liquéfié (GNL) en Asie et incapacité de la Norvège et de la Russie d’augmenter leurs livraisons, souligne la CRE.

La demande est aussi tirée par la reprise économique mondiale, à la faveur de l’amélioration de la situation sur le front de la pandémie de Covid-19.

 

Sommaire

Hausse continue des prix du gaz

Les tarifs réglementés, remis à jour chaque mois, ont connu une série de fortes hausses récemment. Depuis le 1er août 2020, les évolutions mensuelles des tarifs réglementés hors taxe se sont toutes traduites par des hausses, à une exception près, le 1er avril 2021 (– 4,1 %). Ils ont encore augmenté de 8,7 % au 1er septembre, après plus de 5 % en août et près de 10 % en juillet.

Les tarifs réglementés, qui doivent disparaître le 1er juillet 2023, sont appliqués à environ 3 millions de foyers, pour l’essentiel par Engie, qui en détient le monopole sur la plus grande partie du territoire. Des entreprises locales de distribution peuvent aussi en commercialiser dans certaines villes (Bordeaux, Grenoble, Strasbourg…). Leurs tarifs ont aussi été revus à la hausse lundi.

 

Les tarifs fixes

Si vous faites partie des 5 millions de foyers souscrivant à une offre de tarif fixe pour le gaz, la situation est différente. Dans ce cas-là, le prix de l’énergie reste inchangé sur la durée déterminée du contrat, qui peut durer jusqu’à 4 ans. “Ces foyers ne sont pas concernés par la hausse des prix actuelle”, confirme Caroline Keller.

La hausse des prix du gaz sur le marché mondial pourra vous impacter mais seulement à la fin de votre contrat, lorsqu’il sera temps de le renouveler (ou de changer de fournisseur). Caroline Keller précise: “Le fournisseur doit prévenir un mois à l’avance si une hausse est prévue, pour changer d’offre si vous le souhaitez.”

 

Les prix indexés sur le tarif réglementé

D’autres contrats proposent une offre dont le prix est indexé sur le tarif réglementé. Le principe: le fournisseur propose un prix inférieur à celui d’Engie, mais lorsqu’il y a une hausse des prix chez le fournisseur historique, cette augmentation se répercute dans les mêmes proportions sur votre facture.

Par exemple, votre fournisseur propose un prix inférieur de 10% à celui d’Engie. Étant indexée sur le tarif réglementé, votre facture va aussi augmenter de 12,6% en octobre. Toutefois, le montant de la facture restera 10% inférieur à celle que vous auriez reçue si vous étiez chez Engie.

 

Qui sont les pays fournisseurs de gaz de la planète et notamment de l’Europe ?

Les grands producteurs de gaz sont les États-Unis, la Russie, le Qatar et l’Australie. La Russie représente 40 % de parts de marché européen et nous fournit le gaz directement par pipe. Le Qatar et les États-Unis nous fournissent sous forme de gaz liquéfié dans des bateaux. Gazprom, la société d’État russe, à 50 % est la seule qui détienne de la capacité résiduelle inemployée.

C’est la seule société vers laquelle on peut se tourner pour avoir des volumes supplémentaires, encore faut-il qu’elle le veule. Un fournisseur peut ou pas vous fournir des volumes additionnels et aujourd’hui la Russie n’a pas l’air de vouloir nous fournir de volumes additionnels, peut-être pour montrer son mécontentement vis-à-vis de l’Union européenne et de cette transition énergétique verte qui devrait pousser le gaz vers la sortie.

Si on a des prix du gaz trop élevés, on va être obligé de brûler du charbon ou du fuel pour de la production électrique. Cela causera des émissions de CO2 en hausse.

 

Est-ce que cela signifie selon vous que les Européens sont les premiers responsables de l’augmentation du prix du gaz ?

Oui. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) nous parlait il y a quelques mois d’un scénario net zéro en nous disant qu’il ne fallait plus investir dans le pétrole et le gaz. Quand vous envoyez ce genre de message, vous contraignez l’offre et la demande doit s’adapter. À ce moment-là, la demande ne peut que s’adapter par les prix. Et c’est ce que l’on voit aujourd’hui.

La hausse pourrait durer encore quelques mois, voire quelques trimestres. Il faut du temps, les investissements dans l’énergie se font en années voire en décennies. Il va falloir rattraper ce retard et revenir sur une approche plus pragmatique. Il va falloir comprendre que les sociétés pétrolières et gazières doivent continuer à investir dans des projets pour fournir la demande qui continue à être en hausse. Et cela va prendre quelques trimestres au moins.

Chèque énergie en France

Cette augmentation intervient dans un contexte déjà tendu concernant le pouvoir d’achat des Français. Les prix de l’électricité sont en train de flamber sur le marché de gros, tirés par les prix du gaz et des quotas d’émission de CO2. Cela risque de se traduire par une forte hausse pour le consommateur au début de l’année 2022, lorsque la CRE devra proposer une nouvelle évolution des tarifs réglementés, s’inquiètent les associations de défense des consommateurs CLCV et UFC-Que choisir.

Cette dernière a présenté une étude le 20 septembre, anticipant un bond de « près de 10 % » pour le tarif réglementé de vente de l’électricité – toutes taxes comprises. Ce qui reviendrait à une augmentation moyenne de 150 euros pour les ménages utilisant aussi l’électricité comme moyen de chauffage.

Un surplus qui dépasserait, à lui seul, le chèque énergie de 100 euros annoncé par le gouvernement mi-septembre. Ce chèque est un dispositif déjà mis en place par le passé, destiné à couvrir une partie des factures d’électricité, de gaz ou de fioul, ou encore des travaux de rénovation énergétique. Il est envoyé automatiquement aux 5,8 millions de foyers en précarité énergétique.

 

« Etalements de paiement des factures »

« Les conseillers de la Direction du tarif réglementé, formés à la prise en compte de cette situation exceptionnelle, sont à l’écoute et peuvent, notamment, proposer des étalements de paiement des factures en fonction de la situation de chacun », précise un communiqué, qui mentionne un numéro d’information (le 3460).

Les clients aux revenus les plus modestes seront orientés vers les aides auxquelles ils peuvent prétendre, notamment le chèque énergie supplémentaire de 100 euros annoncé par le gouvernement mi-septembre pour un versement en décembre, ajoute l’entreprise, qui « invite également ses clients mensualisés à revoir leurs mensualités afin d’éviter de faire face à une facture de régularisation trop importante ».

 

Allumer le chauffage le plus tard possible

De son côté, Marilyn Rousset, restauratrice, a déjà sollicité deux fournisseurs de gaz pour faire jouer la concurrence et essayer de négocier les prix. Le budget énergie représente 10% de son chiffre d’affaires, et il est impossible d’envisager de réduire sa consommation à l’heure actuelle. « On ne peut pas faire tourner les machines au ralenti, si on veut fournir un service correct à nos clients, on est obligés de faire tourner tous nos appareils », explique-t-elle.

 

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