Personne ne peut s’en passer au quotidien. Le papier toilette va bientôt coûter plus cher. Les coûts de production des produits à base papier ont fortement augmenté ces derniers mois. Le leader français des produits d’hygiène Essity, qui possède les marques Lotus, Okay ou Tena, subit une hausse de ses coûts de 30 % depuis un an.
Les matières premières, les emballages ou le transport : tout a augmenté. La pâte à papier, qui arrive de Scandinavie ou d’Amérique du Sud, coûte 44 % de plus pour la pâte de résineux et 47 % pour la pâte de feuillus, détaille le délégué général de la Copacel (Confédération française de l’industrie des papiers, cartons et celluloses) Paul-Antoine Lacour auprès du Parisien.
Outre le prix du papier, le transport a augmenté, les prix de l’énergie ou les emballages. Une pénurie de papier n’est pas à craindre « mais il peut y avoir des tensions sur certains secteurs », indique la Copacel auprès de nos confrères.
Pas question pour les industriels d’absorber seuls ces hausses. Elle devra être répercutée sur le ticket de caisse des consommateurs. « La vague est tellement forte que la grande distribution doit accepter de refléter cet impact, et partager l’effort avec nous, industriels, en prenant à sa charge une partie de la hausse », affirme Arnaud Lafleur, le vice-président d’Essity dans les Echos. Pour limiter la hausse, le dirigeant souhaite que le taux de TVA sur le papier toilette passe de 20 % à 5,5 %.
Des acteurs de la grande distribution des Etats-Unis et du Canada limitent déjà le nombre de produits de papier depuis quelques jours. Histoire de ne pas revoir de rayons vides comme il y a un an avec le premier confinement.
La pâte à papier se fait rare
Les cours de la pâte à papier, indispensable pour fabriquer du papier toilette ou des essuie-tout, bondissent sur le marché mondial de 67% en huit mois. Le produit se raréfie car la demande explose en Chine, friande des emballages papier, avec la reprise économique post-Covid. Ce qui agit derrière sur les cours.
Tous les produits d’hygiène du groupe pourraient donc, in fine, coûter plus cher. Quelques centimes d’euros de plus pour le consommateur assure Essity, mais des discussions vont débuter vendredi 1er octobre entre le fabricant et la grande distribution pour trancher. Cette dernière devra rogner ses marges pour éviter que les prix s’envolent en magasin.
Une augmentation des prix « inéluctable »
« Une augmentation des prix pour les produits à base de papier est inéluctable : la hausse des coût est tellement forte qu’une entreprise papetière ne peut se permettre de ne pas la répercuter », explique au Parisien Paul-Antoine Lacour, délégué général de la Confédération française de l’industrie des papiers, cartons et celluloses (Copacel). Nul ne veut aujourd’hui pronostiquer le montant de l’augmentation sur le prix du rouleau.
Comment en est-on arrivé là ? La crise du papier est semblable à la crise des matières premières qui touche tous les secteurs. Le coup de frein donné au début de l’épidémie, en mars 2020, puis la reprise plus rapide et plus forte que prévu ont bouleversé les marchés. Certains pays comme la Chine qui ont redémarré plus rapidement que d’autres ont de fait déstabilisé la géographie des échanges et des conteneurs, menant à une explosion du coût des transports… et les délais de livraison.
« On a une tension sur la matière première qu’est la pâte à papier, produite principalement en Amérique du Sud et en Scandinavie », explique Paul-Antoine Lacour. La Copacel pointe une explosion des prix des matières premières en l’espace de huit mois de + 44 % pour la pâte de résineux et + 47 % sur la pâte de feuillus…
Faut-il craindre une pénurie de « PQ » ?
Aux Etats-Unis et au Canada, la grande distribution limite déjà le nombre de produits de papier par ménage depuis quelques jours. En France, les grandes surfaces devront-elles prendre de telles dispositions ? Une manière d’éviter la ruée sur le « PQ » – comme lors du premier confinement – et une éventuelle pénurie qui mettrait chacun d’entre nous dans… l’embarras.
« Pas de situation de blocage »
La hausse du papier brut est en effet sans appel. « Les hausses constatées depuis le début de l’année sont d’une ampleur inédite. Sur huit mois, les prix pour les fibres vierges ont renchéri de 44 % pour la pâte de résineux et de 47 % pour la pâte de feuillus », souligne le Copacel (le syndicat professionnel représentant les entreprises françaises productrices de pâtes, papiers et cartons) dans un communiqué.
Outre les facteurs conjoncturels, de nombreuses usines de fabrication de pâte à papier ont fermé à cause d’une surproduction et une baisse structurelle de la demande avant la crise du Covid-19.
Alors faut-il craindre une pénurie de papier toilette, livres, magazines et journaux ? « Ponctuellement, certaines sortes de papier connaîtront des difficultés d’approvisionnement, mais nous ne sommes pas dans une situation de blocage », rassure Benoît Duquesne, président de l’Union nationale des industries de l’impression et de la communication (Uniic) interrogé par « l’Usine Nouvelle ».